Retour sur de grandes découvertes archéologiques des dernières années [el]

L’archéologie est une science en marche : les missions soutenues par le ministère recèlent chaque année leur lot de surprises. Certaines découvertes frappent par leur caractère spectaculaire, soit par l’ampleur des vestiges mis au jour, soit par leur caractère absolument inédit. D’autres sont en apparence plus anecdotiques mais apportent des éléments majeurs pour comprendre les sociétés anciennes. Quelle qu’en soit la nature, elles demeurent marquantes avant tout par l’histoire qu’elles nous racontent, les univers qu’elles révèlent.

Les ressources du terrain ne s’épuisent jamais, qu’il s’agisse de trésors enfouis dans les sables révélant des civilisations insoupçonnées, de statuettes emblématiques, jusqu’à des aménagements urbains majeurs ou de simples ossements ou pierres taillées.

Comprendre nos origines : une énigme en constant décryptage

La découverte des premiers australopithèques, datés de 4 millions d’années, en Afrique du Sud dans les années 1920 et celle de Lucy en Ethiopie en 1974, sont des jalons majeurs de la recherche sur la question des origines des premiers humains. Cette dynamique de fond est toujours d’actualité : plusieurs missions soutenues par le MAEDI permettent d’affiner notre connaissance sur la question.

En Afrique, la mission du Djourab (Tchad) est à l’origine de la découverte en 2001 du plus ancien hominidé connu, baptisé « Toumaï » et daté de 7 millions d’années avant notre ère. Au Kenya, la découverte capitale des plus vieux outils au monde, emprisonnés dans des couches sédimentaires profondes, bouleverse nos connaissances sur les origines de la taille de la pierre, antérieure au genre Homo. La mission de Kromdraai en Afrique du Sud a quant à elle permis d’établir un lien chronologique entre le genre Australopithecus et le genre Homo dans cette région moins étudiée que l’Afrique de l’Ouest, grâce à la découverte en 2015 de vestiges d’homininés.

Qu’en est-il sur les autres continents ? La mission franco-brésilienne du Piaui explore l’hypothèse que les premiers peuplements sud-américains remontent à 40 000 ans et non à 12 000 comme cela est établi jusqu’à aujourd’hui. Nous avons donc encore beaucoup à découvrir sur les traces de nos ancêtres.

Civilisations anciennes, regards nouveaux

Même les civilisations les plus étudiées continuent de livrer leurs secrets.

L’Égypte et le Soudan comptent parmi les terrains phares de l’archéologie française. Mais la découverte en 2013 des plus vieux papyrus connus par la mission de Ouadi El-Jarf (en Égypte, sur un site côtier de la mer Rouge) offre de nouvelles perspectives. Elle permet en effet d’entamer une réflexion sur le fonctionnement de l’État égyptien à une époque très ancienne où il est encore en train de se construire, sous le règne de Chéops.

Dans d’autres cas, c’est le caractère inédit des recherches qui en fait la rareté, y compris sur des terrains très bien connus. L’île grecque de Délos se trouve investie de nouvelles recherches sur un champ encore peu étudié : les pratiques hygiéniques. Elle a livré un ensemble exceptionnel de plus de 90 latrines qui apportent un éclairage neuf sur les sociétés qui peuplaient l’île aux époques hellénistique et romaine étudiées par la mission de Délos.

Le site millénaire d’Angkor a pour sa part révélé ces dernières années une nouvelle facette de son histoire, grâce à la découverte des canaux d’irrigation de la ville d’Angkor Thom, capitale khmère pendant près de dix siècles. Ces infrastructures étaient indispensables au fonctionnement de la ville, étendue sur 900 hectares et autrefois essentiellement composée d’eau et de végétal.

Arts, cultures, pratiques : les témoignages d’une vie disparue

Avant de venir peupler les vitrines des musées et d’être constitués en collections, les vestiges archéologiques appartiennent à des mondes souvent méconnus. Des statues monumentales aux simples objets du quotidien, ils nous racontent des époques et des cultures évanouies. Pour comprendre l’émotion que peut susciter leur découverte, il faut tenter de restituer la fonction ou la valeur symbolique qu’ils avaient alors.

Certains de ces vestiges sont des objets d’une exceptionnelle beauté. Ainsi, les statuettes en terre cuite de la culture Chupicuaro (au Mexique) étaient déposées sur les sépultures d’enfants au IVème siècle avant notre ère. Elles nous renseignent sur les pratiques funéraires et les croyances de cette civilisation. Après leur découverte, l’une d’elle a été choisie comme effigie du musée du Quai Branly.

Très récemment, la mission française d’Adam menée au Sultanat d’Oman a livré plus de 630 objets métalliques datés de l’âge du Fer II (900-600 avant notre ère). Cet ensemble d’armes votives en bronze est sans équivalent au Moyen-Orient. Découvertes dans un bâtiment cultuel, ces armes au caractère non utilitaire constituaient probablement des offrandes à une entité guerrière (divine ou symbolique) et sont donc à envisager comme des éléments-clés de pratiques sociales encore mal connues.

Crâne de Toumaï.
Dent fossilisée d'un Paranthropus immature découvert en 2016 sur le site de Kromdraai (Afrique du Sud). Photo : Mission de Kromdraai.
Mission du Piaui (Brésil) : abri et peintures rupestres sur le site de Toca do Boqueirão do sítio da Pedra Furada.
Papyrus daté du règne de Chéops, le plus vieux papyrus connu au monde.
Latrines de Délos : vue d'une latrine de l'Agora des Italiens.
Vases de la culture Chupicuaro.
Armes en cuivre datées de l'âge de Fer découvertes par la mission d'Adam (Oman) : Arcs, poignard hache et groupe de pointes de flèches.

dernière modification le 06/04/2018

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