Sur les terres de Dionysos (N°18, 24 juin 2021) [el]

Chères lectrices, chers lecteurs,
Nous terminons cette série commencée en novembre avec une chronique sur la culture du vin dans le nord de la Grèce, en cette période où il redevient possible de prendre un verre en terrasse.

Nous vous souhaitons un bel été et vous donnons rendez-vous dès septembre, pour une nouvelle Chronique du Jeudi de LA FRANCE À THESSALONIQUE chaque dernier jeudi du mois.

Santé,
et bonne lecture,
de la part de toute l’équipe du Consulat général, de l’Institut français et de l’Ecole française de Thessalonique.

Sandrine MOUCHET
Consule générale, directrice de l’Institut français de Thessalonique

Les "Chroniques du Jeudi" Qu’est-ce que c’est ?

Les Chroniques du Jeudi de LA FRANCE À THESSALONIQUE , lancées par le Consulat général de France et l’Institut français de Thessalonique, ont été publiées à intervalles réguliers de novembre 2020 à janvier 2022.

Elles proposent un voyage à travers l’histoire extraordinairement riche des liens qui unissent la France avec Thessalonique et le nord de la Grèce. Nos lecteurs, habitants de la circonscription du consulat général (Épire, Thessalie, Macédoine Occidentale, Macédoine Centrale, Macédoine Orientale et Thrace) ou simples curieux, peuvent y (re)découvrir les origines et les temps forts de la présence française et de ses institutions, les traditions que nous partageons, et les évènements majeurs de la vie franco-hellénique contemporaine dans cette Grèce septentrionale.

Toutes les chroniques se trouvent sur nos sites.

N’hésitez pas à les partager avec tous ceux qui aiment la Grèce et la France, pour faire connaître l’histoire franco-grecque et renforcer la communauté d’idées entre nos deux pays.

Remerciements

Je tiens à remercier chaleureusement l’équipe du Consulat général, de l’Institut et de l’Ecole française :

● pour la rédaction et/ou des contributions : Juliette, Marianthie, Caroline, Céline, Fanny F., Fanny T. et Marielou ;
● pour la traduction : Marianthie, Katerina, Ioanna, ainsi que Xanthippi Dimitroulia, professeure au département de Langue et littérature françaises de l’université Aristote ;
● pour les graphismes : Danaé, Andréas et Juliette ;
● pour la conception du coffret : Juliette et Anthony ;
● pour les envois des Chroniques à nos partenaires et la communication : Katerina, Andréas, Anthony, Vassiliki et Valérie ;
● pour la relecture : Juliette, Andréas, Carole, Danaé et Matthieu ;

ainsi que toutes les personnes qui nous ont aidés, notamment dans la collecte d’informations pour réaliser ces chroniques.

Sandrine MOUCHET,
Consule générale de France,
directrice de l’Institut français de Thessalonique

Toutes les Chroniques

- Le Général de Gaulle à Thessalonique (N° 1, 19 novembre 2020)
- 1686, ouverture du Consulat de France à Salonique (N° 2, 26 novembre 2020)
- 1906, La Mission laïque française ouvre sa première école à Thessalonique (N° 3, 3 décembre 2020)
- Visite de Valéry Giscard d’Estaing à Thessalonique (N° 4, 10 décembre 2020)
- Michel Butor à Thessalonique : inspiration, magie et passion (N° 5, 17 décembre 2020)
- Les vœux du Consulat général, de l’Institut français et de l’Ecole française de Thessalonique (N° 6, 24 décembre 2020)
- Les traditions des 31 décembre et 1er janvier dans nos deux pays (N°7, 31 décembre 2020)
- Les traditions française et grecque pour l’Epiphanie (N°8, 07 janvier 2021)
- 1896, la France fait naître un port à Thessalonique (N°9, 14 janvier 2021)
- Le Choix Goncourt de la Grèce organisé à Thessalonique (N°10, 21 janvier 2021)
- D’Allatini à Dassault - Une saga née à Thessalonique (N°11, 04 février 2021)
- Thessalonique et l’empreinte française du front d’Orient (N°12, 18 février 2021)
- Le souffle de la France sur l’émancipation des femmes de Thessalonique (N°13, 4 mars 2021)
- La francophonie dans le nord de la Grèce (N°14, 18 mars 2021)
- Protaprilia - Poisson d’avril ! (N°15, 1er avril 2021)
- Du panache à l’École française de Thessalonique (N°16, 16 avril 2021)
- Ernest Hébrard, l’âme du plan de Thessalonique (N°17, 6 mai 2021)
- Sur les terres de Dionysos (N°18, 24 juin 2021)
- L’influence française sur l’architecture de Thessalonique (N°19, 30 septembre 2021)
- L’« incident de Salonique », 6 mai 1876 (N°20, 28 octobre 2021)
- La France sous les projecteurs au Festival international du film de Thessalonique (N°21, 25 novembre 2021)
- Kalanda cosmopolites à Thessalonique ! (N°22, 23 décembre 2021)
- Souvenir de la Jérusalem des Balkans (N°23, 27 janvier 2022)

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Sur les terres de Dionysos

La Grèce a une tradition de viticulture plurimillénaire, largement favorisée par la qualité de son climat et la richesse de son sol. Elle est particulièrement vivace dans notre circonscription du nord du pays, où le vin semble présent depuis la nuit des temps. Près de Kavala, sur le site archéologique de Dikili Tash, l’équipe de chercheurs franco-grecque a trouvé des traces de transformation du jus de raisin en vin datant de 4 300 à 4 200 ans avant Jésus-Christ, a priori le plus ancien témoignage de vinification en Europe¹.

Dans la mythologie, Dionysos, dieu de la vigne et du vin, aurait été élevé par les nymphes Hyades sur le mont Nysa, situé dans l’actuelle Thrace.

La tradition s’est perpétuée au fil des siècles, avec des périodes parfois difficiles, en particulier après l’arrivée du phylloxera (dont le premier cas aurait été enregistré en Macédoine, près de Thessalonique, en 1898) et la disparition de certains vignobles historiques.

C’est justement pendant cette période que les viticulteurs du nord de la Grèce développent des liens très étroits avec la France.

Pendant la Première Guerre mondiale, la présence massive de l’armée d’Orient, sous commandement français², dans la région autour de Thessalonique, modifie profondément le monde agricole : pour nourrir ces centaines de milliers d’hommes, on introduit des processus de production novateurs, on importe du matériel perfectionné et de nouvelles espèces. C’est aussi le cas dans le domaine viticole où les Français apportent de nouveaux cépages et préconisent des méthodes scientifiques innovantes. Cette part importante de l’activité agricole dans le quotidien des soldats du front d’Orient, qui génère un essor de l’agriculture locale sans précédent, leur vaudra pourtant le sobriquet méprisant de « Jardiniers de Salonique », de la part de Georges Clemenceau³ .

Ainsi, depuis plus d’un siècle, les échanges de connaissances autour de la culture de la vigne n’ont eu de cesse de se développer entre la France et le nord de la Grèce.

De nombreux ampélologues⁴ et œnologues grecs ont étudié en France afin de mieux intégrer le savoir-faire et les subtilités des différents terroirs hexagonaux. Si, au départ, ils ont introduit des cépages français comme le merlot, la syrah ou le cabernet-sauvignon, pour donner un élan à leur production, ils ont petit à petit complété l’offre en revalorisant des cépages locaux comme le xinomavro, un vin rouge du nord du pays, pour répondre à la demande du marché international qui privilégie les cépages endémiques. Ces vins sont aujourd’hui montés en gamme, vivement appréciés des palais grecs et étrangers. « En revenant à des cépages locaux et en atteignant un niveau de qualité suffisant, il est désormais envisageable de satisfaire aussi la demande française, ce qui n’aurait pas été possible en produisant des vins français ici en Grèce », confie l’un des producteurs que nous avons rencontrés.

Sous l’influence notamment de ces spécialistes formés en France, la production vinicole du nord de la Grèce s’est organisée. C’est ici que la première coopérative du pays a été constituée (l’Union des vignerons du vignoble de la Grèce du Nord), en 1996, et que le premier master d’œnologie-ampélologie a été créé, à l’université Aristote de Thessalonique, en 2000.

Il semble aujourd’hui que le vin du nord de la Grèce ait encore de beaux jours devant lui. Il bénéficie de cette longue tradition d’échanges et de transmission du savoir, mais aussi de conditions météorologiques très favorables : le climat est le plus doux et le plus humide des régions viticoles grecques, ce qui permet une maturation optimale du raisin. Un atout non négligeable dans le contexte global de réchauffement climatique, où le manque d’eau menace de nombreux terroirs.

¹ Voir l’article de Soultana Maria Valamoti, archéobotaniste de l’université Aristote à l’origine de cette découverte, et de Nicolas Garnier, responsable du laboratoire d’analyse de matériaux organiques anciens : Prehistoric wine-making at Dikili Tash (Northern Greece) dans The Journal of Archaeological Science
² Voir la Chronique du Jeudi « Thessalonique et l’empreinte française du front d’Orient ».
³ Le président du Conseil (chef du gouvernement de l’époque).
⁴ Spécialistes de la vigne ; du grec ancien ἄμπελος, ámpelos (vigne) et λόγος, lógos (parole, discours, science).

Retrouvez les Chroniques du Jeudi sur nos sites :

- Consulat général

- Institut français

- Ecole française

Clause de non responsabilité

Le Consulat général de France à Thessalonique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, en s’appuyant sur des sources fiables, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication.

dernière modification le 03/02/2023

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